Dans mon métier, je suis souvent amenée à expliquer ce qu’est une antithèse. Il n’est pas toujours facile de trouver des exemples. Là, j’en ai un tout trouvé.

Une antithèse est une un procédé stylistique par lequel on rapproche deux mots, deux expressions, deux idées contraires en les opposant.

Exemple : « on peut voter FN et défendre les droits des femmes ».

Pourquoi est-ce antithétique? 

D’abord, parce que Marion Maréchal-Le Pen souhaite, si elle est élue, suspendre les subventions aux associations qu’elle considère comme « politisées » dont elle n’approuve pas « l’idéologie ». Elle s’engage donc à couper les vivres au Planning Familial ou à des associations de défense des droits des personnes LGBT. C’est ce qu’elle a annoncé lors d’un meeting à Marseille le 17 novembre :

« Je pense aussi aux 200 000€, chaque année, qui sont accordés aux plannings familiaux — des choses comme ça dont on sait que ce sont des associations très politisées. Très politisées, et qui portent, de mon point de vue, une vision, une approche assez banalisée de l’avortement qui me pose une difficulté. Et c’est vrai que là-dessus, nous, on aura des exigences fortes […]. Refuser aussi les subventions aux associations qui font de la préférence étrangère, et puis supprimer les subventions aux associations politisées, dont les plannings familiaux, mais aussi des associations telles que celle de la LGBT, ou des choses comme ça, dont je condamne fermement l’idéologie. Et il n’est pas question de leur verser un sou évidemment demain à la région. […] Je ne suis pas contre le droit à l’avortement, que les choses soient claires, je suis pour une responsabilisation des femmes, et surtout pour sortir de l’idéologie ». Marion MLP

En quoi est-ce antithétique avec le droit des femmes?

Lorsque l’on (Marion Maréchal-Le Pen) considère que « Ce n’est pas à l’Etat de réparer les inattentions des femmes« , on sous-entend que les femmes se sont mises seules dans cette situation, aucun homme n’est (à moitié ou totalement) responsable de la situation. C’est bien connu, les femmes tombent enceintes seules (immaculée conception, tout ça).

Ensuite, lorsqu’on (Marine Le Pen) qualifie les plannings familiaux de « centres d’incitation » à l’IVG (« de confort »), on montre sa totale méconnaissance de ce qu’est ce réseau associatif et de ses fonctions.

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Source : http://www.nawak-illustrations.fr/

Je vais utiliser un autre mot que je dois souvent définir, c’est le paradoxe. Il est paradoxal de vouloir réduire le nombre d’IVG en supprimant les plannings familiaux qui sont des lieux où les jeunes, garçons et filles, trouvent des informations sur la sexualité, sur les maladies et infections sexuellement transmissibles, sur la contraception… Si on coupe les subventions, on ne peut plus informer ni éduquer. Donc il y aura davantage d’avortements. Si on supprime la possibilité d’interrompre la grossesse dans de bonnes conditions, on revient aux méthodes de nos grands-mères. C’est le serpent qui se mort la queue.

C’est antithétique avec le droit des femmes parce que ce sont les femmes qui prennent une contraception, c’est souvent sur elles que retombe la faute d’une grossesse non désirée. C’est la femme qui vit l’avortement. C’est la femme qui en subit ses conséquences (qui peut être la stérilité future ou la mort, si l’IVG est pratiquée clandestinement).

Supprimer les plannings familiaux ou revenir sur le droit à l’IVG, c’est faire reculer les droits de la femme.

Et s’il n’y avait que ça…

Le FN a dans ses cartons des idées qu’il ressort de temps en temps. Quelques exemples:

Comment réduire le chômage? Dominique Martin, eurodéputé FN, a la réponse : il pense que les femmes, en restant au foyer libéreraient des postes pour les hommes.

Comment régler les problèmes d’éducation? Il a encore une fois la solution : si les femmes restent chez elles, elles peuvent éduquer leurs enfants : « Ça aurait l’avantage de libérer des emplois, ça aurait l’avantage de donner une meilleure éducation à nos enfants, ça aurait l’avantage de sécuriser nos rues parce qu’ils ne traîneraient pas dans nos rues et ne seraient pas soumis à la drogue. » pense-t-il.

Et l’égalité homme-femme? Et la liberté des femmes? Ah mais elles sont libres! De rester chez elles.

Le FN c’est le recul des droits des femmes, c’est un retour en arrière, au temps du pétainisme.

Image trouvé sur facebook
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Paradoxalement, de plus en plus de femmes votent pour le FN et ses idées rétrogrades. Cette France-là, ce n’est pas celle que je veux laisser à mes enfants alors je vote contre le FN.