Le dernier weekend de mars (et les quelques jours qui ont suivi), ma sister était de retour de Londres. Le Conquérant, Bichette et moi sommes allés la chercher à Angers avant de prendre la route de la campagne pour passer la soirée chez mes frères, ma belle-sœur, mon neveu et ma nièce. Comme la soirée de retrouvailles s’est terminée très tard (en plus c’était la nuit du changement d’heure) et qu’elle a été bien arrosée (sauf pour moi qui allaite), nous avons passé la nuit sur place.

Le lendemain matin, Bichette était réveillée avant tout le monde. Je suis descendue avec elle pour jouer dans le salon. Ma nièce puis mon neveu nous ont rejoints puis les autres adultes se sont levés. Ma belle-sœur a fait chauffer de l’eau pour le thé et le café soluble. Nous nous servons. Bichette se met à chouiner parce que son cousin et sa cousine ne jouent plus avec elle. Le Conquérant la prend alors sur ses genoux et repousse sa tasse pour qu’elle n’essaie pas de l’attraper. Mais notre fille se jette en avant et attrape la tasse avec sa main gauche, se renverse tout le liquide brûlant, presque bouillant, sur l’avant-bras gauche et sur la cuisse.

Nous la déshabillons immédiatement et filons dans la salle de bain, sous les hurlements de notre bébé. Nous essayons de lui mettre le bras et la cuisse sous l’eau froide, mais ce n’est pas pratique. Nous allongeons alors notre fille sur la table à langer de ma nièce et prenons alors trois gants de toilette : j’en mouille un avec de l’eau froide, le pose sur l’avant-bras, mouille un autre, le pose sur la cuisse, mouille un troisième, enlève celui de l’avant-bras qui s’était réchauffé et pose le gant mouillé. Et ainsi de suite. Entre temps, je lui donne du Doliprane, cela calme un peu ses hurlements.

Le Conquérant appelle le médecin de garde qui nous dit de continuer à refroidir les brûlures et de filer aux urgences qu’il prévient de notre arrivée.

Je prends un body propre, lui coupe la manche gauche, l’enfile à Bichette, je lui mets son pantalon de jogging en polaire et nous l’installons dans son siège auto, recouverte d’une couverture bien chaude, avec toujours des gants de toilette humides et froids. Nous partons précipitamment, sans dire au-revoir à ma famille. Pendant tout le trajet, Bichette hurle. Je lui tiens la main, lui parle, la rassure.

Le Conquérant s’en veut j’essaie de le rassurer lui aussi. Ce n’est pas de sa faute, on a fait attention, pas assez visiblement, on n’avait pas pensé qu’elle pouvait se jeter comme ça sur la tasse, en avant avec tout le poids de son corps.

Nous arrivons aux urgences, elle s’est endormie depuis une dizaine de minutes. Le Conquérant la garde avec lui pendant que je passe à l’accueil faire la paperasse. Carte vitale, carte de mutuelle, pièce d’identité du bébé? Heu, j’ai pas de pièce d’identité pour ma fille… Livret de famille? Non plus… on est de passage en Maine-et-Loire… Bon, votre adresse? 

Je sors du secrétariat avec un dossier en main et rejoins le Conquérant. Une infirmière passe près de nous : « C’est le bébé brûlé? » Oui. Nous la suivons. Nous entrons dans une salle où une infirmière nous rejoint. On nous pose encore les mêmes questions, comment c’est arrivé? Ce que nous avons fait? Ce que nous lui avons donné? On nous rassure, on nous dit que nous avons eu les bons réflexes, que ça va aller, que… mais nous n’entendons que les cris de notre bébé. Nous essayons de la rassurer, de lui parler. Elle pleure. L’infirmière propose au Conquérant de lui chanter une chanson pour la calmer. Mais aucune ne nous vient et nous restons muets. « Ils n’ont pas la tête à ça », répond l’autre infirmière. Elles soignent notre bébé, un interne passe voir la brûlure. On lui fait un bandage, nous demande de la rhabiller. Le médecin nous fait une ordonnance pour le Doliprane et nous donne un rendez-vous pour le lendemain. Pour vérifier la plaie et voir la marche à suivre. Nous passons à la pharmacie de garde et rentrons chez Mamoune.

brûlure bichette

Le lundi matin, Bichette et moi nous rendons avec Mamoune et ma sister à notre rendez-vous à l’hôpital. Un interne des hôpitaux de Nantes spécialiste des brûlés passe. Notre fille va bien. On nous prescrit des soins à domicile du mardi au dimanche : une infirmière passera faire un pansement à Bichette chaque matin. Moi qui devais partir en milieu de semaine, je décide de rester chez Mamoune jusqu’au vendredi. L’infirmière (qui avait fait les soins de Mamoune pendant son cancer) est ravie de rencontrer Bichette. Elle fait les soins de ma petite courageuse chaque matin et nous constatons une bonne cicatrisation. Le jeudi, elle me dit que je pourrai faire les soins moi-même le samedi et le dimanche donc je peux rentrer. Par contre, il faudra tout de même montrer la cicatrisation au médecin pour qu’il juge si on doit continuer ou non. Rendez-vous pris pour le lundi matin. Le médecin juge qu’elle a bien cicatrisé et que les plaies sont propres. Il faut juste être patient maintenant. Nous arrêtons donc les bandages et passons à une crème cicatrisante à appliquer deux à trois fois par jour.

Ma fille va bien mieux. Plus de peur que de mal, normalement elle ne gardera pas de trace.

Brûlure Bichette

Maintenant, Bichette fait attention, elle ne tend plus la main vers les tasses ou les verres (même vides) qui se trouvent devant elle (bon, il n’y a plus de tasses chaudes, on les met trèèèès loin).

Le corps médical n’a cessé, depuis l’accident, de nous dire que c’était l’un des accidents domestiques les plus fréquents, que ça peut arriver à tout le monde, que nous ne devons pas nous en vouloir, que nous avons bien réagi…

Un accident est vite arrivé, même quand on prend des précautions. Un bébé est vif et imprévisible, il faut toujours l’avoir à l’œil.

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Etre parent, c’est devoir faire face à des accidents, garder son sang froid et protéger son bébé.

C’était mon Etre mère pour Babidji.

Etre mère - macaron

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