Cette question, Namour et moi nous la sommes posée. Mais après réflexion, à 29 et 31 ans, nous étions prêts à nous lancer dans la grande aventure de la parentalité, même si notre situation n’était pas aussi stable que nous l’aurions aimé.

Mais ce midi, toutes nos belles certitudes ont volé en éclat.

Tout est parti d’une remarque de la mère de Namour : quelle sera ma situation professionnelle l’an prochain?

Je n’en sais rien. J’ai passé le concours, j’attends les résultats. Je ne sais donc pas où je travaillerai à la rentrée, si je garderai le poste que j’ai cette année, à 1h de chez moi, ou si je me rapprocherai de mon domicile. D’ailleurs, où sera ce domicile? Car il va falloir que nous déménagions, nous ne pouvons pas accueillir bébé dans ce petit duplex.

Et là, l’avalanche de questions, qui sonnent comme autant de reproches.

« Vous cherchez un appartement ou une maison? Vous allez rester à Rennes ou chercher aux alentours? Tu vas te rapprocher de ton travail? Vous avez commencé à chercher un mode de garde? Une crèche, ce serait bien. Ou alors une nourrice, mais c’est dur de trouver quelqu’un de confiance.

– Je ne peux pas encore chercher de mode de garde tant que je ne sais pas où nous allons vivre.

– Oui, enfin, tu vas reprendre en novembre, il faudrait que tu commences à te poser la question.

– Je vais aussi me renseigner pour savoir si je peux reprendre à temps partiel ou même pourquoi pas, prendre un congé parental.

– Un congé parental? Mais vous n’allez pas vivre sur un seul salaire, un bébé ça coûte cher. Dans la société actuelle, il faut de l’argent pour vivre!

– Oui, mais je ne vais pas accepter mes conditions de travail actuelles. Je pars à 7h le matin, je rentre à 18h30, je travaille à 1h de chez moi… Je ne vais pas laisser mon bébé à 6h45 pour le récupérer à 18h45 chaque jour.

– Les femmes le font très bien aujourd’hui. Le père de Namour ne le voyait pas beaucoup quand il était petit, il n’en a pas souffert. Et puis, tu peux voir pour aménager tes horaires.

– Pas vraiment, je suis tributaire des transports en commun.

– Il faudrait quand même que tu passes ton permis!

– Oui, enfin, cette année, avec mes horaires, c’est pas possible. Et l’an prochain, avec bébé et un temps complet je n’aurai pas le temps.

– Peut-être que vous auriez dû y réfléchir avant.

La phrase est lâchée.

J’ai l’impression d’être à la place d’une de mes élèves qui, à dix-sept ans, est enceinte. J’en ai trente, j’ai conscience de tout ce qu’impliquait ce choix. Je me sens infantilisée…

Avions-nous bien réfléchi avant de « mettre cet enfant en route »? Sommes-nous inconscients de nous lancer dans cette aventure alors que nous n’avons pas encore une situation stable? Que JE n’ai pas encore de situation stable. Parce que Namour, lui, a un CDI, une voiture, une situation. C’est de moi que vient l’instabilité. Pas de permis, pas de concours, pas d’emploi stable… mais un bébé en route.

Dans cinq mois, il sera là. Ce bébé sera ma priorité. Et je ne me vois pas le confier douze heures par jour à une inconnue. Je ne fais pas un bébé pour qu’il soit élevé par une autre. Peu importe que je gagne moins d’argent, peu importe que je ne vive pas dans une maison avec un jardin. Peu importe. J’ai choisi d’avoir un bébé. Il grandit en moi. Je commence à le sentir bouger. Je l’aime déjà.

Je n’ai pas une situation stable, mais je suis prête à me battre pour cet enfant. Peu importe ce que pense la mère de Namour.

*

C’était mon pavé dans la mare.

J’en profite pour féliciter Mère Cane pour la naissance de sa petite Alouette. Je lui souhaite une longue vie, pleine de bonheur et d’amour.

Mère Cane Pavé dans la mare

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