Ce matin, à 5h55, je me suis réveillée en sursaut. J’étais en sueur. J’ai senti des larmes monter et j’ai éclaté en sanglots. Je ne distinguais plus la réalité du rêve. Du cauchemar.

Quelques minutes plus tôt, je venais d’emménager, avec Namour, dans une grande maison. Des murs jaunes, du parquet ciré. Une lumière magnifique. Trois grandes pièces. J’imaginais une immense bibliothèque dans l’une et la chambre du bébé que je portais dans l’autre.

Mon ventre était un peu arrondi, mes rides un peu plus creusées. J’appelais Namour « mon mari ».

Un Saint-Bernard dormait sur la pelouse. Grosse peluche vivante. « Nermia et Ornicar seront bien, ici », pensai-je.

Une femme s’approcha de moi et me dit que nous allions être heureux, avec le bébé. Qu’il ne fallait pas que nous hésitions à l’appeler, si nous avions besoin. Qu’elle était là pour moi, pour me conseiller, me guider dans ma grossesse et après la naissance, comme une mère l’aurait fait, maintenant que j’étais seule…

Le générique d’un mauvais film s’est alors mis à défiler. Il était 5h55.

J’ai pleuré pendant un quart d’heure. Très fort. Ornicar est venu voir ce qui causait autant de bruit. Il a collé son museau froid et humide contre mon nez et a senti l’odeur de mes larmes. Puis il s’est installé sur moi, pour que je le caresse.

Depuis une semaine, Mamoune est hospitalisée. Ses vacances ont été écourtées par d’atroces douleurs intestinales.

Le cancer est revenu.

Trois mois de chimio ne l’ont pas arrêté : des nodules se sont développés. Elle a mal, elle a peur. Mais elle est déterminée à se battre.

Mamoune et moi, février 1983

J’ai peur. Je ne veux pas vivre ce cauchemar. Je veux que ma mère soit à mes côtés quand je serai enceinte. Je veux qu’elle profite de ses petits enfants. Je ne veux pas que cette saleté de maladie gagne la guerre!

La cancer a gagné une bataille. Mamoune remportera la victoire.

Mamoune et moi

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